Tu peux trouver une version éditée de ce journal dans ma newsletter (Substack).
La version intégrale (fautes et anglicismes inclus) est disponible dans mon jardin numérique, Sylves. La publication s’y fait au jour le jour. J’applique ici l’orthographe rectifiée.
Bonne lecture – Enzo.
Mercredi 03 janvier
Quand je suis malade, je retourne aux films en anglais sur Netflix. Je n’ai pas à lire de sous-titres, comme c’est le cas quand je regarde une série asiatique. Ça repose mes yeux.
Habituellement, je regarde peu de films, préférant le format feuilletonnant des séries. Je suis donc surpris par le nombre d’histoires différentes que je peux découvrir en quelques heures avant d’aller me coucher. Tantôt je suis sur une planète reculée de la galaxie à fomenter une rébellion, tantôt je m’émeus des amours compliquées d’une pop star. Et un peu plus tard, je regarde une énième romance de Noël (les romances de Noël peuvent aussi être appréciées après les fêtes).
La qualité du film importe moins que le sentiment de bienêtre que l’on éprouve. Et quand on est malade, une sensation agréable n’a pas de prix.
Jeudi 04 janvier
Jennifer Lopez est remarquable dans Marry Me (2022). Difficile de croire qu’elle avait plus de cinquante ans au moment du tournage.
Je n’aime pas beaucoup Owen Wilson, mais les deux ensemble fonctionnent très bien. On voit le soin qui a été porté au casting.
La BO est de meilleure qualité que les autres romances que j’ai pu regarder ces derniers jours : On my way, Nobody’s Watching et Love of my life sont mes chansons préférées… Et me connaissant, je vais passer la journée à les écouter.
Vendredi 05 janvier
Dans l’Œuvre au Noir, Marguerite Yourcenar écrit au sujet de Zénon : « La viande, le sang, les entrailles, tout ce qui a palpité et vécu lui répugnaient à cette époque de son existence, car la bête meurt à douleur comme l’homme, et il lui déplaisait de digérer des agonies. » (je souligne)
L’autrice, elle-même, était végétarienne. Cette semaine, cela fait cinq ans pareillement que j’ai fait le choix de ne plus manger ni de viande ni de poisson.
Je suis satisfait de ce choix : au quotidien, il ne me pèse pas. Ça peut devenir frustrant à l’occasion quand je voyage, mais jamais au point de me le faire regretter.
Samedi 06 janvier
Je ne suis qu’un être humain parmi sept-milliards. Mes choix de vie influenceront bien peu la destinée du monde. Je ne me fais pas d’illusions sur l’impact que j’ai à grande échelle.
Ma motivation se trouve donc principalement ailleurs : j’essaye de vivre le plus possible en adéquation avec mes valeurs. Ce n’est pas toujours facile. Ce monde nous rend aisément hypocrites : quand je refuse de manger de la viande pour des raisons éthiques, ces mêmes raisons éthiques semblent se satisfaire que je m’habille avec des vêtements cousus par des enfants de six ans. Nous avons une voiture électrique pour diminuer notre empreinte carbone, mais nous sommes heureux d’aller à l’autre bout du monde afin de profiter de la chaleur hivernale.
Pourquoi modifier notre manière de vivre si tout est voué à l’échec ? Plutôt que de viser la perfection pure, la pureté parfaite, il vaut mieux accepter ces paradoxes et ne pas baisser les bras. Ici, comme dirait Montesquieu, le mieux est le mortel ennemi du bien.
Ainsi, pour celleux qui adorent la viande, devenir végétarien ou végan est une idiotie : il est certainement préférable de manger moins de viande et d’acheter de la meilleure qualité. Moins mais mieux.
D’ailleurs, face à cette abondance qui nous submerge dans tous les domaines de l’existence, « moins mais mieux » semble être un bon principe de vie.
Dimanche 07 janvier
J’en apprends tous les jours. La nouvelle orthographe indique qu’il faut mettre un trait d’union entre tous les éléments d’un nombre.
Ainsi, on écrira « sept-milliards », « deux-cent-mille », « quatre-vingt-millions », « deux-milliards-cinq-cent-millions ». Une fois qu’on s’y est habitué, c’est plus facile à gérer.
Mais comme les règles d’écriture des nombres (vingt, cent, mille, millions, milliards) sont les mêmes que celles de l’orthographe traditionnelle, on ne peut pas dire qu’on a grandement simplifié la chose.
Imagine : tu as peiné à comprendre que tu peux mettre un -s à vingt et à cent seulement quand ils ne sont pas suivis d’autres nombres (« trois-cents invités » mais « trois-cent-cinquante invités »). Tu as sué sang et eau ; maintenant que tu es un·e expert·e de ce s, tu en éprouves une fierté ridicule qui te permet de regarder de haut ton voisin analphabète. Mais l’orthographe française a tôt fait, même dans sa version rectifiée (‘simplifiée’ my ass), de te ramener sur terre : cette règle casse-bonbon ne s’applique pas à l’écriture des dates.
Sache donc qu’on ne met toujours pas de-s à « l’an quatre-cent ».