Journal de janvier 2024

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Lundi 08 janvier

Si seulement je faisais preuve d’autant de régularité dans la publication de ce journal que dans son écriture ! Nous sommes déjà en janvier et je n’ai toujours pas publié les entrées de novembre sur Substack. Je vais préparer tout ceci cette semaine. Peut-être que j’y ajouterai celles de décembre à y être. Une version condensée, plutôt que deux newsletters à quelques jours d’intervalle. Tout dépendra de l’intérêt que je trouve à ces entrées. 

Tant pis. Si je ne sais pas où ni quoi couper, j’abuserai de la gentillesse de mes lecteurices avec deux emails, échos de l’année passée. De toute manière, je n’ai rien d’autre à proposer. En septembre, je voulais publier des articles plus réguliers sur le monde exotique du Boys’ Love, mais mon inspiration s’est tarie après le Lexique irrévérencieux de l’homoromance. Ou plutôt, ce n’est pas l’inspiration qui a fait défaut, mais la flemme qui a pris le dessus. Et le temps passe si vite qu’on se retrouve déjà en janvier, se souvenant des promesses de la rentrée de septembre comme d’un rêve empli d’amertume.

Je ne sais pas ce qu’il me faudrait pour prendre tout ceci au sérieux (le projet d’un livre de non-fiction sur le BL ?). Sorry, dear reader, ce n’est pas cette année que je battrai des records de constance. Il faudra se contenter des entrées de ce journal.


Mardi 09 janvier

L’intérêt pour la Thaïlande se limite encore au tourisme. Il y a peu de livres sur le pays, son histoire, ses croyances, sa langue, etc. Évidemment, les ouvrages spécialisés existent, mais ceux pour le grand public sont encore rares.

Depuis quelques mois, je cherche des livres sur le folklore et la mythologie thaïlandaise (oh, look, un bel accord de voisinage !), mais la moisson s’avère bien maigre : en matière de mythologies asiatiques, celles de Chine et du Japon remplissent tous les rayonnages. 

C’est décevant. D’autant plus que mes recherches se font et en français et en anglais. Je ne trouve rien d’intéressant.

Il va me falloir employer les gros moyens et consulter les catalogues de la bibliothèque universitaire. À moi les lectures arides ! Youpi.


Mercredi 10 janvier

Le nous d’humilité est aussi humble que l’expression « à mon humble avis », souvent employée par les gens les moins humbles que je connaisse.

C’est tout autant crédible qu’une personne qui, un verre de vin à la main, nous affirme qu’elle ne boit jamais d’alcool.

Derrière ce nous se cache, plus ou moins mal, un je démesuré qui devrait arrêter ses conneries et se présenter tel quel.


Jeudi 11 janvier

Qu’est-ce qui fait un chef-d’œuvre ? Rien, si ce n’est la décision d’un groupe d’hommes et de femmes (le plus souvent des hommes, ceci dit). Il n’y a rien d’objectif, aucune caractéristique qui ferait qu’une réalisation humaine est meilleure qu’une autre.

Le temps n’est pas non plus un gage de grandeur, n’en déplaise au Figaro : ce n’est pas parce qu’on idolâtre une œuvre durant des siècles qu’elle est de fait supérieure aux autres. Ce que cette idolâtrie démontre, c’est que les structures qui promeuvent ladite œuvre sont à ce point puissantes qu’elles font croire à une vérité objective. Plus ces structures sont puissantes, moins on s’autorise à questionner et à remettre en cause ce qu’elles affirment.

Se plonger dans une civilisation différente de la nôtre, c’est réaliser que l’évidence même ne l’est pas et qu’ailleurs on ne pense pas comme nous. C’est aussi accepter que nos manières de faire, de penser et de ressentir puissent ne pas être supérieures à celles des autres. Dans le meilleur des cas, c’est apprendre à se regarder avec la même distance qu’on regarde autrui. Une distance critique, évidemment.


Vendredi 12 janvier

‘Artists who are able to continually create great works throughout their lives often manage to preserve these childlike qualities. Practicing a way of being that allows you to see the world through uncorrupted, innocent eyes can free you to act in concert with the universe’s timetable.’

The Creative Act: A Way of Being, de Rick Rubin


Samedi 13 janvier

En ce moment, je me sens d’humeur new age. Je regarde donc des vidéos sur la visualisation, la manifestation, la spiritualité. C’est intéressant : tout ça finira un jour dans un de mes romans.

Quant à savoir ce que ça vaut, c’est à chacun d’en tirer ses propres conclusions. J’aborde ces sujets avec scepticisme, mais ouverture d’esprit. 

Mais les promesses qui sont faites sont tellement ridicules qu’il est difficile de suspendre son jugement bien longtemps. C’est très américain : ça ne fait jamais dans la finesse. 

Il faut toutefois reconnaitre que ces gourous du capitalisme spirituel sont doué·es pour une chose : le storytelling. Grâce à une série d’exemples superficiels vaguement liés entre eux, iels dépeignent une réalité alternative dans laquelle l’être humain est capable d’agir sur son environnement, où l’Univers bienveillant répond à ses désirs les plus fous. 

L’argument d’autorité est roi… le name-dropping de rigueur : Thomas Edison, John D. Rockfeller, Steve Jobs et même… Elon Musk (qui le cite comme un exemple positif est immédiatement discrédité·e à mes yeux). L’amalgame donne parfois l’impression d’un milkshake indigeste, mais c’est efficace : les gens y croient. Ce n’est qu’en essayant d’expliquer ce qu’on a regardé à un·e proche qu’on réalise qu’on a assisté à l’élaboration d’un château de cartes.


Dimanche 14 janvier

Quand on veut me vendre quelque chose, je me méfie aussitôt. 

Voilà pourquoi je préfère les spiritualités orientales, comme le bouddhisme : l’enseignement y est le plus souvent gratuit (ou à prix modique). On sent que la motivation principale est l’éveil des consciences et non leur compte en banque. Évidemment, iels participent au capitalisme, car iels vivent dans le siècle, mais il ne s’agit pas du but principal. L’argent est seulement un moyen. C’est, pour ainsi dire, neutre.

À l’inverse, les spiritualités occidentales, surtout celles qui nous viennent des États-Unis, sont des machines à pognon. Tout est fait pour tirer un maximum d’argent : cours, livres, séminaires, classes en ligne, produits dérivés. Ces gourous-là n’ont qu’une seule ambition : celle de s’enrichir.