Tu peux trouver une version éditée de ce journal dans ma newsletter (Substack).
La version intégrale (fautes et anglicismes inclus) est disponible dans mon jardin numérique, Sylves. La publication s’y fait au jour le jour. J’applique ici l’orthographe rectifiée.
Bonne lecture – Enzo.
Vendredi 01 décembre
On dit de Chiang Mai qu’elle est la seconde plus grande ville de Thaïlande. Tout le monde le dit : le gouvernement, les sites touristiques, même Wikipédia.
Or, quand on regarde la population des plus grandes villes, on s’aperçoit que « la rose du Nord » ne se place même pas dans le top 5… Elle n’est pas non plus la seconde ville la plus visitée du pays…
Du coup, comment expliquer cette bizarrerie ? Aucune idée. Peut-être confond-on la ville et l’agglomération.
Ce qui est certain, toutefois : Chiang Mai est la capitale de la province éponyme et, avec ses 127 000 habitants (2019), la plus grande ville du nord du pays. Ancienne capitale du royaume de Lanna, elle a été annexée par le Royaume de Siam dans la seconde moitié du XIXème siècle.
Samedi 02 décembre
Araksa Tea Garden
Situé dans les montagnes, à une heure et demi en taxi de Chiang Mai, Araksa Tea Garden est un petit coin de paradis pour les amateurs de thé.
Les visiteurs peuvent cueillir quelques pousses de thé, assister à sa préparation (en thé vert, car le thé noir prendrait trop de temps) et déguster le fruit de leur labeur. Le cadre est paisible et me donne envie de me réorienter professionnellement. Je me demande comment on finit par travailler dans l’industrie du thé.
Dimanche 03 décembre
Museum of Maker – Kalm Village
À deux pas de notre hôtel, ce musée est en réalité une fondation qui abrite des boutiques, un café-bibliothèque, un restaurant et quelques galeries d’art.
L’architecture contemporaine ici excelle : sur plusieurs niveaux, il y a de nombreux coins et recoins où l’on peut se poser pour admirer tantôt la vue sur un temple voisin tantôt un petit espace vert avec fontaine.
L’exposition temporaire, Colour lives, se focalise sur les meubles très colorés de Suwan Kongkhunthian. À l’étage, on peut voir les collections de textile tirées des archives de la fondation. Ces beaux motifs sont ceux des tribus des montagnes et ont certainement inspiré Suwan K.
Lundi 04 décembre
Je vois de nombreux auteurs se plaindre du fait que l’arrivée des intelligences artificielles annonce la fin du monde (entier ou seulement littéraire – les avis demeurent partagés)… Mais je vois plus rarement des auteurs embrasser les IA au point de se plaindre du manque de réactivité du milieu littéraire, comme c’est le cas avec Thierry Crouzet.
Mardi 05 décembre
Nous nous sommes retrouvés avec un vol de retour sur Bangkok en toute fin de journée : mauvaise idée, mais ce n’était pas de notre choix. Comme nous avions visité tout ce que nous voulions voir, nous sommes restés à l’hôtel, même après avoir rendu les clés de notre chambre à midi.
Moi qui avais pris l’habitude de faire une sieste durant l’après-midi, l’absence d’un lit m’a rendu un peu grincheux. Mon mari, quant à lui, a passé une bonne partie de sa journée à la piscine : il était ravi.
À l’aéroport, nous avons mangé au Burger King : les prix sont presque aussi élevés qu’au Royaume-Uni, mais les portions de frites dites « larges » le sont vraiment. Certainement trop pour des Européens, qui ont l’habitude de portions plus réduites.
Mercredi 06 décembre
Quand nous avons préparé le voyage, j’ai convaincu mon mari qu’après Chiang Mai, il valait mieux préférer Pattaya à Phuket pour voir la mer.
Après quelques heures à Pattaya, je regrette ce choix : cette ville de bord de mer représente tout ce que je déteste. C’est grand, c’est bruyant et ça n’a aucun charme. Nous allons y passer les quatre prochains jours avant de revenir à Bangkok pour le vol du retour.
Jeudi 07 décembre
Après plusieurs jours d’observation, je peux confirmer qu’un terrible crime contre l’humanité est perpétré dans le royaume du sourire : les Thaïlandais enferment les viennoiseries dans des chauffe-plats, convaincus qu’elles doivent se consommer chaudes.
Résultats : les chocolatines et les croissants, devenus secs et rabougris après un tel traitement, sont immangeables. Appelez-moi l’Ambassade !
Vendredi 08 décembre
Rêve étrange, mais dont la thématique est malheureusement trop récurrente pour ne pas être chargée de sens : cette nuit, je suis retourné sur les bancs de l’école. Pour être plus exact, ceux de la prépa !
À 36 ans, retourner en prépa, c’est quand même ridicule. Même dans mon rêve, je trouvais que c’était abusé.
*
Une lecture superficielle de mon CV montre que : j’ai abandonné la prépa après une année ; je n’ai jamais terminé mon M2 ; j’ai même commencé un BTS (dans le tourisme) sur le tard puisque je ne savais pas quoi faire après mes études de lettres classiques avortées. Puis j’ai repris mon M2 (sujet différent) que je n’ai pas terminé non plus (à l’époque, j’avais pour excuse de travailler en parallèle).
Au final, tout s’est bien terminé. Que la jeunesse angoissée se rassure ! On peut ne pas finir ses études et, quand même, avoir une carrière stable… Les diplômes ont moins de valeurs qu’on voudrait nous le faire croire.
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Puisque mes rêves sont peuplés de reprises d’études à différents moments de mon cursus, tous ces abandons en cours de route doivent ennuyer mon subconscient.
But what can I do? It is what it is.
Dans mon rêve, deux prises de conscience m’ont ébranlé assez pour que je m’en souvienne :
- Que j’allais devoir me coucher à minuit tous les soirs si je souhaitais garder le rythme de la prépa… (quel traumatisme : mon sommeil est ce qu’il y a de plus important dans ma vie) ;
- Que j’allais devoir arrêter la rédaction de ce Journal pour me concentrer sur mes études… Après presque une année à le rédiger tous les jours, c’est cet abandon-là, juste avant la ligne finale, qui promettait de m’achever.
Samedi 09 décembre
En ce moment, je lis le Rowan Harbor Cycle (2018-2019) : trois trilogies qui se suivent et ne peuvent se lire indépendamment. C’est de la fantasy urbaine M/M. J’ai découvert l’autrice, Sam Burns, grâce à son dernier roman, Where Foxes Say Goodnight (2023).
Deux éléments méritent d’être notés ici :
- Chaque trilogie opère selon le même schéma : chaque roman suit un protagoniste différent (dans l’ordre : Devon, Jesse & Fletcher). La narration est à la troisième personne avec un point de vue interne. Plutôt que d’avoir une trilogie par protagoniste, Sam Burns fait un choix différent qui permet d’introduire de la variété… Et comme avec les rimes d’un poème, l’ordre des points de vue reste le même : A, B, C ; A, B, C ; A, B, C. L’originalité, je trouve, réside dans le retour à un protagoniste qu’on a suivi précédemment. Habituellement, les cycles suivent tantôt un seul personnage (Harry Potter, Percy Jackson, Rivers of London, etc.) tantôt un héros différent (c’est tout particulièrement le cas avec les romances, car une fois que boy meets boy, il ne reste plus beaucoup de choses à raconter). Si Sam Burns avait suivi ce schéma classique, son cycle aurait eu cette allure-là : 9 volumes, 9 protagonistes, 9 histoires d’amour + 1 fil rouge pour les lier entre eux.
- Le Rowan Harbor Cycle est une illustration de ce que Gail Carriger développe dans The Heroine’s Journey : l’action est portée par une communauté de personnages et non par un héros solitaire. L’entraide est ce qui garantit le succès de leur combat contre le mal et ses incarnations. Le schéma décrit au-dessus participe du phénomène en ce qu’aucune trilogie n’est dédiée à un protagoniste en particulier. Devon, Jesse et Fletcher sont pour ainsi dire égaux : ils assument chacun une partie de la narration/action.
La première trilogie pose les bases. Puisque nous sommes dans du MM, chaque tome raconte comment les protagonistes ont rencontré leur mate/âme-sœur. Puisque j’ai à peine commencé la lecture du 4ème volume, je n’ai pas encore une vision panoramique des choix narratologiques de l’autrice, mais je suis curieux de voir comment elle développe son intrigue avec ce schéma original, entre variété et répétition.
Dimanche 10 décembre
Au final, nous avons quitté Pattaya plus tôt que prévu. Ce n’est pas une ville que nous visiterons de nouveau le jour où nous retournerons en Thaïlande.
Mais il y a eu quelques points positifs : par exemple, son centre commercial, Terminal 21, situé à côté de notre hôtel, est meilleur que son homologue de Bangkok. Nous y avons passé presque tout notre temps (c’est là que se trouvaient de nombreux restaurants). Nous sommes même allés au cinéma. Nous avons vu Wonka : en plus de ses talents d’acteur, qui n’étaient pas un secret, Timothée Chalamet y démontre qu’il sait parfaitement chanter. Certaines personnes semblent tout avoir dans la vie : la loterie génétique, c’est quand même quelque chose.