Journal de décembre 2023

Publié par Publié sur Lieu - 21 min de lecture 621 vues

Lundi 25 décembre

La microfiction est une histoire minimaliste racontée en un nombre limité de mots. 

Les anglophones, comme à leur habitude, ont déjà tout défini, avec des termes différents selon la longueur : la twittérature se limite à 280 caractères ; le dribble ou minisaga ne dépasse pas les 50 mots ; le drabble (ou la vraie microfiction, si on veut être pédant) se développe sur 100 mots tandis que la sudden fiction peut aller jusqu’à 750. La microstory, quant à elle, aussi connue sous le nom de flash fiction, est plus majestueuse avec ses 1000 mots.

Les littératures de l’imaginaire ont investi cette forme brève avec bonheur. Je lis en ce moment l’anthologie anglophone Cosmos, qui regroupe 100 microfictions (de 100 mots), en prose ou en vers, d’auteurices varié·es (mais je ne crois pas qu’iels soient au nombre de cent). Le tout est publié chez Ghost Orchid Press, qui a sorti en 2021, sous la houlette d’A. R. Ward, cinq anthologies fantastiques (ou horrifiques) de ce type autour des thèmes de la maison, de l’espace, des souterrains, des profondeurs marines et… des groupes de rocks.


Mardi 26 décembre

Une recherche sommaire du catalogue d’Amazon.co.uk montre que seuls les littératures de l’imaginaire et l’érotisme semblent avoir produit des recueils de microfictions en nombre. 

Dans le genre réaliste, Régis Jauffret est l’un des rares auteurs francophones qui ait exploré cette forme avec un certain succès : chez Gallimard, il a sorti un premier volume éponyme en 2007, puis un second en 2018 (Prix Goncourt de la nouvelle) et un troisième en 2022. 

Plus intéressant pour moi, Lawrence Schimel, l’auteur de SFFF et d’expression anglo-espagnole, a sorti en 2016 un recueil de microrécits gays : Una barba para dos (y otros 99 microrrelatos eróticos) chez l’éditeur Dos Bigotes. Trois de ces microfictions ont été traduites en anglais et publiées sur le site Words Without Borders. Voilà ce que j’aimerais écrire en 2024.


Mercredi 27 décembre

L’acteur coréen Lee Sun Kyun s’est suicidé suite à une triste affaire (suspicion de prise de cannabis). Il avait 48 ans.

Un drame qui démontre à quel point le paysage médiatique de la Corée du Sud est toxique : là-bas, les sacrifices de stars sont légion. On les porte au faite de la gloire avant de les précipiter dans l’abime avec une violence spectaculaire (car il s’agit avant tout d’un spectacle, fait pour divertir)… 

Les crimes de ces idoles sont souvent minimes, voire ridicules : l’un a une petite-amie, l’autre a fumé un joint. 

Mais un tel niveau d’idolâtrie ne supporte pas que ces stars puissent être humaines ; on ne leur pardonne donc aucune imperfection. On les met au pilori ; le harcèlement ne connait pas de fin.

Ou plutôt, si, il prend fin quand l’idole conspuée, harassée, ayant perdu tout espoir, se suicide.


Jeudi 28 décembre

La semaine dernière, quand je me ratissais le crâne à la recherche d’un nouveau projet d’écriture pour 2024, faisant fi de ceux que j’ai déjà commencés et mis de côté (for now or for ever), je n’avais pas envie d’écrire de la poésie…

Les envies vont et viennent, et parfois, avec une rapidité déconcertante, si bien que, maintenant, je veux en écrire. C’est souvent ce qui se passe quand je visite Instagram : quelques posts poétiques, au milieu d’une pluie d’acteurs BL, suffisent à raviver ma passion pour la poésie.

En 2023, je m’étais donné pour mission d’écrire une entrée de journal par jour, d’abord pour un mois entier, puis, au final, pour une année. Mission accomplie, sans trop de mal, et finalement, beaucoup de plaisir. Je continuerai en 2024. Peut-être jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Mais qui dit nouvelle année, dit nouveau défi : il est temps que je retourne à la poésie. Au mois de janvier, j’écrirai un poème par jour (minimum).


Vendredi 29 décembre

Je dois avoir les yeux plus gros que le ventre (I want to bite off more than I can chew), mais j’aimerais me lancer un second défi : écrire 500 microfictions de 500 mots chacune. 

C’est certainement trop ambitieux pour être accompli en une année, mais rien ne m’empêche de commencer et de voir où ça me mènera.

Peut-être n’en écrirai-je que dix ou cinquante ; peut-être seront-elles extrêmement mauvaises. Mais plutôt que de réfléchir à une idée pendant des semaines et des semaines, puis l’abandonner avant que de commencer, il est préférable que je la teste en la mettant en pratique.