Journal de février 2024

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Lundi 26 février

J’ai toujours eu de la fascination pour la facilité (au point qu’un de mes profs de prépa affirmait que j’étais complaisant…). Pendant longtemps, j’ai eu un mindset figé, considérant qu’on naissait avec certaines capacités et certaines inclinations, et qu’on évoluait à l’intérieur d’un cadre plus ou moins limité pour le reste de sa vie. 

J’ai eu la chance (ou la malchance) d’être intelligent et bon élève : je n’ai jamais eu à apprendre à travailler dur pour obtenir ce que je voulais. (Ou plutôt, j’ai travaillé dur, mais avec la certitude que j’en étais capable, vu que j’étais né avec ces capacités). 

Trop souvent, j’ai choisi la voie qui m’apparaissait la plus facile (et non pas la plus intéressante), celle où les doutes étaient les moins nombreux, oubliant qu’une vie signifiante exige un certain degré de difficulté. 

J’ai compris mes erreurs sur le tard (dans ma trentaine) et depuis, je me soigne. Mais mon instinct a un train de retard, si bien qu’à la moindre difficulté, je pense aussitôt que ce n’est pas fait pour moi et qu’il faut donc que j’aille voir ailleurs… Continuer sur cette voie exigeante m’apparait comme une pratique masochiste un peu ridicule.

Je dois donc déployer des efforts considérables pour me rappeler que la difficulté peut être, aussi, une opportunité de développement.

Mardi 27 février

J’aspire à une vie paisible et minimaliste : je ne souhaite pas me prendre la tête ; je ne m’épanouis pas quand je suis au centre d’un drame (contrairement à ma belle-mère, par exemple, qui crée les problèmes s’ils n’existent pas) ; très vite, le trop-plein est là, je simplifie donc le plus possible. 

J’ai besoin d’une routine pour me sentir bien et me sentir libre… Régulièrement, toutefois, il me faut la briser, car la monotonie finit par m’asphyxier.

J’aspire à une stimulation intellectuelle régulière ; le small talk m’épuise ; à l’occasion, j’ai besoin qu’on me sorte de mes pensées pour me rappeler que j’habite un corps et un monde. Je suis sensible, parfois trop, même si je parviens, certains jours, à me convaincre du contraire.

Et plus je m’examine, plus je me dissous en une multitude de pensées, d’habitudes, d’émotions…

Mercredi 28 février

Cette semaine, j’ai écouté deux entretiens avec Steven Pressfield… Même si je suis d’accord avec ses idées sur la Résistance en Art, cette métaphore de la guerre constante avec soi-même m’ennuie. 

D’une part, parce que le sujet de la guerre lui-même ne m’intéresse absolument pas. Aucune fascination. Aucun attrait. Si le héros épique doit m’inspirer un sentiment, ce sera le dégout et non l’admiration. (Je suis végétarien, comment croire que je puisse aimer les bouchers ?)

D’autre part, parce que je suis convaincu que la solution à cette Résistance, c’est de faire la paix avec soi-même, de s’accepter entièrement, de changer en conséquence. Peut-être est-ce là l’influence de Le Guin : pacifiste, elle détestait que l’on utilise les métaphores belliqueuses à tout bout de champ.

Jeudi 29 février

La solution est là. Devant nos yeux. Elle nous regarde, on la regarde. Mais on prétend que ce n’est pas la solution à nos problèmes. Cette solution, elle est pour les autres. Pas pour nous.

Quand on a un problème, il est intéressant de regarder comment on le formule. La plupart du temps, on se met dans une impasse tout seul. En général, la solution est simple (mais ça ne veut pas dire qu’elle est facile à mettre en place). Si le problème apparait compliqué, simplifie, simplifie, simplifie.