Lundi 24 juillet
Nous vivons dans des fictions que le cerveau se raconte, parfois sans lien aucun avec la réalité. Rêves, angoisses et ambitions… autant de petites histoires qui occupent nos pensées, le jour comme la nuit. Est-il possible de voir le réel sans les fantasmes que nous projetons sur lui ?
Mardi 25 juillet
Il s’agit d’une fugue. Quand je rêvasse à la belle maison que je pourrais gagner grâce à la loterie, je ne pense pas à ma vie telle qu’elle est maintenant ; je ne réfléchis pas plus à la manière de la changer. J’imagine une situation différente qui ne m’aura demandé aucun effort, ni aucun sacrifice : je me berce d’illusions. Ce que je semble vouloir, ce n’est pas une vie différente ou meilleure, c’est une vie facile.
Mercredi 26 juillet
Durant de nombreuses années, on a nié l’existence d’une crise climatique. Aujourd’hui, face aux preuves indéniables qui s’accumulent chaque jour davantage, l’Occident semble avoir adopté une autre méthode, tout aussi efficace : le catastrophisme.
Deniers et doomers ont ceci en commun qu’ils nous confortent dans l’inaction : soit le problème n’existe pas (deniers), soit le problème est trop grave pour qu’on puisse le résoudre (doomers). We’re all going to die!!!
Il se trouve que les solutions pour minimiser le plus possible cette crise existent. L’ennemi, c’est notre inaction, pas le manque de connaissances. Malgré la tristesse qui nous accable quand nous voyons le monde bruler autour de nous, ne cédons pas au désespoir. Cultivons la colère, cultivons l’espoir, cultivons n’importe quelle émotion qui nous pousse à agir.
Jeudi 27 juillet
Quand je scrolle sans fin sur les réseaux sociaux, baignant dans cette cacophonie qu’est la bêtise humaine, l’apparition d’un poème est un moment de grâce qui purifie mon âme.
Comme on se brosse les dents, la poésie devrait faire partie de notre hygiène quotidienne.
Et je ne dis pas qu’il faudrait lire plus souvent du Yves Bonnefoy ou du Philippe Jaccottet. Que chacun·e lise (ou écoute !) ce qu’iel aime : du plus ancien au plus contemporain, du plus élevé au plus terre à terre, du plus intellectuel au plus populaire… L’essentiel, c’est, pendant un bref instant, de pouvoir vibrer en découvrant des mots assemblés différemment.
Vendredi 28 juillet
« La poésie, ce serait le raffinement et l’élégance, les mots rares et choisis, sinon précieux, la mélodie ronde et souple, la subtilité et la délicatesse de rythmes aux tons et demi-tons agencés comme fleurs dans un bouquet. On devine quel archétype fait l’amont de ces représentations. Celui nécessairement construit dans le florilège scolaire dont les dominantes déterminées par quelques grands textes exemplaires sont motivées par l’enjeu pédagogique : donner pour modèle la plus haute langue dont les vertus d’équilibre et d’harmonie postulent la valeur morale associée. » (Jean-Pierre Siméon, Petit éloge de la poésie)
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Le Petit éloge de la poésie me donne des envies d’écrire un éloge de l’homoromance.
Je me demande quelle forme ce texte prendrait, ce que je pourrais écrire au sujet du BL et du MM… Ai-je seulement quelque chose d’intéressant à dire sur toutes ces productions que je consomme au quotidien ?
Je suis d’un naturel critique (je suis français après tout), j’ignore si je peux faire l’éloge sans être tenté de dézinguer mon sujet en même temps. Ōdī et amō, toussa, toussa.
Me connaissant, je serais obligé de nommer mon petit livre « éloge paradoxal de l’homoromance ».
Samedi 29 juillet
Cette fin de juillet se caractérise par une frustration généralisée qui touche à tous les aspects de ma vie. Quelque chose (voire plusieurs) cloche, qu’il me faut identifier et, si possible, corriger.
En attendant, je soupçonne que le régime de lectures auquel je soumets mon esprit est en partie responsable de cette insatisfaction. Je traine sur Twitter (pardon… sur X), et j’ingurgite de la junk food ad nauseam.
Il faut protéger son esprit, autant que son corps, des aliments toxiques : nous vivons dans une société qui nous rend vite malades.
Solution : prendre le temps de lire des formes plus posées, moins immédiates… bref, des livres enrichissants (fiction comme non-fiction), des newsletters stimulantes (sur Substack, par exemple), du journalisme d’investigation (en existe-t-il encore ?)… rien qui ne soit écrit « à chaud ». Le but est d’éviter la myopie et le bruit du cycle médiatique 24/7, ainsi que la cacophonie débilitante de monsieur et madame Tout-le-Monde, de Montcuq à Cumming, d’Effingham à Gland.
L’ère de l’abondance, dans laquelle nous vivons, masque facilement les carences qui nous affectent.
Dimanche 30 juillet
Je deviens de plus en plus allergique à la masturbation intellectuelle. Je ne supporte plus ces textes qui confondent une forme « jolie », voire opaque, avec du contenu profond. En réalité, ils sont creux, ils ne disent rien et ne veulent rien dire. La syntaxe et le vocabulaire endimanchés ne sont pas les marqueurs d’une pensée supérieure ou mieux aboutie. C’est de la poudre aux yeux.
Je viens de terminer ma lecture du Petit éloge de la poésie. Les deux tiers, voire les trois quarts, sont de la branlette. J-P Siméon se fait mousser et fait mousser son sujet, et ce, sans jamais citer un seul poème. Il s’agit d’un essai « hors-sol », un peu comme les tomates qu’on nous vend au supermarché. Ça nourrit mal l’esprit.
Lundi 31 juillet
On devrait inventer un système qui permet de faire sa gym et d’écrire en même temps, car il semble que toutes mes idées, et mes envies, me viennent quand je suis en train de soulever de la fonte (pas beaucoup, je te rassure), sur un fond de K-pop. Ça explose dans mon cervelet, ça part dans tous les sens, ça veut tout faire : mille poèmes, trente novellas, six essais, que sais-je encore.
Mais dès que j’ai quitté la gym, que la musique s’est tue, la fatigue s’empare de mon esprit et je n’ai plus envie de rien. Ne reste que le souvenir d’une frénésie qui ne s’est pas matérialisée.