Journal de juin 2024

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Lundi 24 juin

« Notre grande erreur est d’essayer d’obtenir de chacun en particulier les vertus qu’il n’a pas, et de négliger de cultiver celles qu’il possède. » (Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien)


Mardi 25 juin

Notre sortie à Lincoln, pour l’anniversaire de mon mari, a été l’occasion d’acheter du thé noir pu-erh (c’est-à-dire post-fermenté). 

Mon abonnement découverte, dont j’ai parlé ici, a changé le regard que je porte sur le thé… et, par extension, l’avis que je me fais des boutiques qui en vendent.

Celle de Lincoln, où nous allons chaque fois, a une sélection très limitée de thés blancs (et la plupart sont parfumés, qui à la vanille, qui à l’ananas…). 

Du coup, de retour à Sheffield, j’ai commandé du Bitaco White de Colombie — le même que j’avais reçu dans ma première boite découverte. 11,25 £ pour 50 grammes — ça reste abordable, même si ce n’est pas donné. C’est vrai que le thé blanc est généralement plus cher que le noir ou le vert, puisque seules les jeunes pousses sont récoltées.


Mercredi 26 juin

Je viens de reprendre ma lecture de Pair de l’Empire (Servent of the Empire) de Feist et Wurst, toujours en traduction française. C’est un peu longuet, mais le récit est plaisant.

J’ai tellement lu de mauvaises traductions de l’anglais (merci la romance MM) que je ne cesse d’être surpris par l’excellente qualité, la bonne tenue, de la langue d’Anne Vétillard. Je suis admiratif de son travail. 

(Et en rédigeant cette entrée, je découvre qu’elle est morte le 1er avril dernier à l’âge de soixante ans. Quelle mauvaise blague.)


Jeudi 27 juin

Les joies algorithmiques.

En ce moment, Twitter, c’est un tiers élections françaises, un tiers élections anglaises et un tiers sur les séries Boys’ love. 

Threads, c’est presque 100 % des posts d’auteurs anglophones et francophones, et c’est insupportable. Ça chouine de tous les côtés. Look at me, look at me, why don’t you look at me?!

Et quand ça ne chouine pas, ça s’enrage (parfois à raison, parfois par simple habitude).

Bien sûr, je m’inclus dans ce constat, car je ne fais pas exception. Ce qui ne fait que m’agacer davantage.


Vendredi 28 juin

Faire des lecteurs les responsables du gatekeeping (c.-à-d. chargés de faire le tri), quand ce rôle a été longtemps tenu par les éditeurices, ne me semble pas être une amélioration, mais une manifestation supplémentaire de l’emmerdification de notre quotidien.

C’est vrai que l’autoédition a permis l’émergence de voix minorisées sur le marché du livre. De nos jours, il est possible de lire des romans qui n’auraient jamais été édités, car on ne pensait pas qu’ils étaient « commercialement viables ». La plus-value est incontestable, même si le travail éditorial, à l’occasion, peut laisser à désirer.

Il serait donc facile de désigner les pauvres auteurs autoédités comme les responsables de cette emmerdification, puisque tout est devenu publiable par n’importe qui.

Mais la saturation du marché du livre s’explique surtout par les choix commerciaux des maisons d’édition qui ont multiplié leurs publications, souvent sans égard pour la qualité finale. Quand un livre n’a que deux semaines pour faire ses preuves avant de finir au pilon, importe-t-il vraiment encore de veiller à ce que son histoire tienne la route, qu’elle soit bien écrite et parfaitement corrigée ?


Samedi 29 juin

Le milieu de Pair de l’Empire m’a fait passer une excellente soirée de lecture : même si les descriptions sont un peu trop longues à mon gout (et j’ai donc lu certains paragraphes en diagonale), les évènements sont passionnants. Il y a une véritable intensité : on tourne la page, on se couche tard pour connaitre la suite. 

Je réalise à quel point les romans avec des intrigues politiques sont ma came, surtout si elles sont (un peu) violentes. (J’avais dévoré Imperium de Robert Harris dont l’histoire est centrée sur Cicéron.)

Comme toujours, ce genre de coups de cœur littéraire alimente mes envies d’écriture…


Dimanche 30 juin

En ce moment, écrire ce journal me donne l’impression de gratter les fonds de pots à la recherche d’une once d’inspiration.