# Édition
Le milieu français de l’édition a besoin des agents littéraires : les maisons d’édition sont en position de puissance, les auteurs sont pressurisés de tous bords et sont incapables de défendre leurs intérêts de peur de n’être plus publiés. Autre possibilité : l’auto-édition, mais encore faut-il être débrouillard.
# Lecture
Énorme fou-rire alors que je lis dans une romance qu’un personnage « avait le goût du vent et sentait la prairie ». Quant à savoir si la prairie était parsemée de bouses de vache, l’auteur a préféré rester discret sur ce point.
# Précarisation
Malgré les contre-exemples que la presse aime à montrer et sur lesquels elle fait fantasmer le monde, les créateurs sont sous-considérés (et surexploités). L’auteur n’est plus qu’un simple créateur de contenu. Le démiurge se retrouve méprisé de ceux qui lui doivent leur existence. Nous assistons toujours plus à la prolifération des intermédiaires (ce qu’ailleurs l’on nomme le « tertiaire » : les fournisseurs de service, les marketeux et les publicistes), véritables tiques qui grossissent sur le dos du créateur chétif et précarisé.
Il existe le même phénomène à l’Université où les administratifs pullulent et sont mieux payés au final que les professeurs et les enseignants. Il est facile de perdre de vue la source quand on exploite le fleuve, mais il ne faut pas pleurer le jour où elle se tarit faute d’avoir été protégée.
# Le Dit des Autres
Chaque achat de livre réalisé sur Amazon est un vote pour une culture sans contenu [content] ni contentement [contentment].
Ursula K. Le Guin
# Oxford
La Tamise (River Thames) est surnommée Isis dans la région, spécifiquement entre Christ Church Meadow (les prairies de Christ Church College) et Iffley Lock (l’écluse d’Iffley, un charmant petit village rattaché depuis belle lurette à Oxford). C’est là que j’aime à me balader, car ce n’est pas très loin de chez moi. Et il est vrai que j’y trouve partout ce toponyme, jusque dans le nom du café saisonnier coincé entre le fleuve et la réserve naturelle.
Rassurons-nous l’Égypte n’a pas envahi la perfide Albion par le passé dans l’ignorance de tous et les Oxoniens ne vouent pas un culte secret à la déesse orientale.
Tamesis est le nom latin de la Tamise, souvent abrégé sur les cartes en Esis (ou Isis). C’est l’interprétation que les historiens favorisent de nos jours.
Toutefois, au XIXe siècle, les érudits de l’époque victorienne considéraient encore que le fleuve avait pour vrai nom Isis de sa source jusqu’à sa rencontre avec l’affluent River Thame. A partir de là (c’est-à-dire à Dorchester-on-Thames), on appelait le fleuve Thame-isis, qui avait fini par se contracter en Thames. J’aime les deux explications à égale mesure.
Quoiqu’il en soit, cette partie du fleuve au sud d’Oxford fait le bonheur des rameurs, et eux le mien.
# CPGE
Les classes prépas littéraires réussissent le paradoxe suivant : briser la confiance en soi tout en enflant l’égo. Pour parler plus franchement, l’étudiant sorti de prépa ne se prend pas pour de la merde mais est intimement persuadé d’en être une.
CPGN : Classe préparatoire aux grandes névroses.