Lundi 09 octobre
Twitter-X se dégrade. C’est un fait. Muscadet enlève les fonctions utiles les unes après les autres, avec pour objectif clair de rendre l’expérience de l’utilisateurice plus désagréable.
Dernière en date : la disparition des titres d’articles de presse ; seule l’image subsiste. On ne se rend même plus compte que c’est un lien vers un article. Il veut que nous restions sur sa plateforme à tout prix, mais il ne fait rien pour rendre l’environnement agréable.
On se croirait en Angleterre où, depuis le Brexit, la situation empire… À la tête du pays, des proto-fascistes qui n’ont aucune idée de ce que veut dire « servir la Nation ».
Je vois les parallèles entre Twitter et Brexitland… mais si je suis incapable de quitter une plateforme, comment puis-je croire que je quitterai un pays ?
Mardi 10 octobre
Pour l’auteurice, le plus difficile est d’oublier l’inspiration originelle, les reflets chatoyants de son imagination, pour ne juger que le produit final.
Laisser de côté ses envies et ses ambitions. Ne considérer que le texte écrit et ce qu’il raconte. Voir son potentiel, et l’améliorer dans ce sens. Faire le deuil de tout ce que le projet ne sera pas, de toutes ces émotions, ces passions, ces idées qui se seront égarées avant que d’être couchées sur la page.
Accepter que ce monde en technicolor, si beau, si inspirant dans notre esprit, ne puisse être traduit qu’en nuances de gris.
Mercredi 11 octobre
J’admire celleux qui ont un boulot alimentaire et savent s’en satisfaire. Ils privilégient leurs loisirs ou leur famille. Le reste n’a pas d’importance.
J’en suis incapable. Je ne peux pas ignorer sept heures de ma journée : j’ai besoin que mon travail me stimule, sans quoi je me désespère rapidement.
Je pourrais me concentrer entièrement sur ma carrière d’écrivain auto-édité. Mais je n’aime pas mettre tous mes œufs dans le même panier.
Peut-être suis-je trop ambitieux. Je veux tout : un métier épanouissant et une activité artistique florissante.
J’ai fini par comprendre que l’un ne deviendrait jamais l’autre et qu’il me faudrait toujours travailler en parallèle de mon écriture. Mais il est hors de question que je privilégie l’un par rapport à l’autre.
Est-ce cela qu’on appelle courir plusieurs lièvres à la fois ?
Jeudi 12 octobre
La passion amoureuse n’est pas la base d’une relation durable. C’est ce qui disparait le plus vite. Vaut mieux chercher la compréhension et la collaboration : l’amour, avant tout, est un partenariat.
Mon couple m’apaise. Je suis moins inquiet depuis que je suis avec mon mari. Nous avons chacun nos habitudes. Nous faisons même chambre à part la plupart du temps. Notre relation ne ferait certainement pas rêver les lecteurices de romance. Mais le partenariat fonctionne : à deux, nous sommes plus solides, nous allons plus loin.
Comme je considère que l’amour est périssable, je ne sais pas si nous resterons ensemble toute notre vie. Mais les années que nous aurons passées côte à côte auront été confortables, sans trop de disputes, avec beaucoup de complicité… Nous aurons été d’excellents compagnons de route, qui avaient pour seule mission de rendre le voyage (pour l’autre et pour soi) plus agréable.
Vendredi 13 octobre
Il arrive un moment où un acteur de BL ne peut plus jouer le rôle d’un adolescent. Singto est un bon exemple. À 29 ans, on devrait arrêter de lui proposer ce type de projet.
Je sais que le BL n’a pas vocation à être réaliste, mais quand même…
Évidemment, le problème se retrouve aussi chez les Américains… Tous ces adultes bodybuildés qui voudraient nous faire croire qu’ils ont seize ans ! Sait-on encore à quoi ressemble un vrai adolescent ?
Donnez donc leur chance à de jeunes acteurs…
Samedi 14 octobre
Malgré le soleil resplendissant, les températures sont tellement fraiches (comprendre : froides) que c’est un weekend à passer sous la couette.
J’ai donc acheté Arthur and Teddy Are Coming Out de Ryan Love, qui me faisait de l’œil depuis sa sortie en grand format en avril dernier.
Ce roman raconte l’histoire d’un grand-père et d’un petit-fils sur le point de faire leur coming out à leur famille. Ce n’est pas une romance gay, mais plutôt une tranche de vie familiale. Un roman feel-good, qui finit bien. Original aussi, car l’un des protagonistes a 80 ans : les séniors sont sous-représentés en littérature (surtout dans la littérature gay !).
J’ai passé une excellente après-midi à lire ce premier roman de Ryan Love. Malheureusement, la fin n’est pas aussi bien réussie que le reste du roman : c’est assez brouillon… La storyline d’Arthur est parfaite, mais celle de Teddy part dans tous les sens. On pourrait argumenter qu’elle est à l’image de la vie : méandreuse, incertaine, avec de nombreux ratés… mais, dans ce cas, je pense plutôt que l’auteur n’était pas en maitrise de son intrigue. A-t-il manqué d’inspiration ? Avait-il une deadline qui l’a obligé à tout finir rapidement ?
Quoiqu’il en soit, Ryan Love s’affirme comme un auteur prometteur de littérature gay, et je lirai certainement son prochain roman.
Dimanche 15 octobre
Straight as a Jalebi est une romance gay de de Ritu Bhatal, une autrice anglaise d’origine indienne. Il s’agit du second tome de sa série Rishtay, publié en juin 2023. Le troisième tome est prévu pour l’année prochaine.
Si le premier roman de la série suivait Aashi, la seule fille de la famille, le second tome a pour personnage principal Sunny (son frère ainé) et Milan, un riche designer de New Delhi. L’action se passe en 2000, entre l’Angleterre et l’Inde.
Je me plains régulièrement de l’aspect très générique des romances MM : quand on en lit beaucoup, les personnages, les lieux et les situations deviennent interchangeables. Beaucoup de romances sont identiques, un peu creuses. Aussitôt lues, aussitôt oubliées.
Straight as a Jalebi fait office d’exception à la règle : cette histoire, très bien écrite, est originale. Elle dépeint la communauté indienne de Birmingham au début du nouveau millénaire. Elle introduit ses lecteurices dans un monde que l’on voit trop rarement représenté dans les romances. Avec beaucoup d’humour et d’amour, elle montre la vie de ces familles d’immigrés, de ces jeunes générations qui doivent apprendre à composer avec les mariages arrangés et les traditions farfelues de leurs parents, oncles et tantes.
Nous vivons un moment de notre histoire où certains proto-fascistes affirment que le multiculturalisme en Angleterre est un échec. Voilà une romance qui, véritable doigt d’honneur fait à notre ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, rappelle que la société anglaise, avec ses nombreuses communautés d’immigrés, est riche de cette diversité. And we are all the better for it.