10.04.17 – 16.04.17

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# Auteurs Indépendants

Certains auteurs anglo-saxons présentent l’auto-édition comme une série de dos and don’ts, qui laissent supposer qu’en suivant une formule marketing bien établie, le succès est au rendez-vous. Je ne peux m’empêcher d’être admiratif, tout autant que déprimé par ces véritables machines de guerre, où les préoccupations concernant l’écriture sont relayées au second plan, quand elles existent seulement.

Comme si l’écriture n’était pas la partie la plus difficile et la plus épuisante du processus de création, une fois terminée, l’auteur commence à peine son labeur : il va devoir établir une stratégie, signer des alliances avec d’autres auteurs indépendants et, après moult prières et sacrifices, les secrets d’Amazon lui seront enfin dévoilés.

Quand je lis tout cela, j’ai la sensation d’être un auteur dilettante, écrivant pour le seul plaisir, horrifié par les questions d’argent – ce que je ne suis pourtant pas, puisque je m’auto-publie.

# Nouveau Projet

Le plus dur est toujours de commencer. Tu ne te sens jamais assez prêt, il te reste toujours des éléments à déterminer, des personnages à définir, des tonalités à arrêter. Tu oublies régulièrement que l’œuvre évolue dès le moment où elle est couchée sur le papier, et que, par conséquent, il est inutile de couper des cheveux en quatre trop longuement. Arrête de tergiverser, fonce et réfléchis en agissant.

# Langue

Tu te perds entre le français et l’anglais. Quand tu parles dans une langue, c’est dans l’autre que les mots arrivent. Tu aimerais pouvoir te concentrer sur la langue du pays dans lequel tu habites : c’est celle de ton couple, de ton travail, de ta vie quotidienne. Toutes tes lectures se font en anglais, car c’est plus pratique, et c’est même vital.

Mais tu veux écrire, et on n’écrit bien que dans sa langue maternelle. Et chaque jour, tu la sens invariablement t’échapper ; son rythme perd de sa familiarité ; ce français, pourtant si rigoureux, devient, dans ton esprit, élastique et accommode des fantaisies contre-nature.

To be lost in translation, résolument un avantage – mais régulièrement tu le vois comme un inconvénient. Comme si tu ne pouvais être que perdant, déchiré entre des idéaux linguistiques qui s’excluent.

C’est faux, n’est-ce pas ? Tu en conviendras. Il faut arrêter de voir ta situation en négatif : embrasse ta vie d’expatrié, embrace it.

# Procrastination

Tu as toujours de bonnes raisons de tergiverser, mais en attendant la pression monte en toi, ainsi que l’inquiétude. Compte : 1, 2, 3. Mets-toi à écrire. Quelques mots, à peine, pour relâcher la pression.

# Le Dit des Autres

Oublie les livres que tu veux écrire. Pense seulement au livre que tu es en train d’écrire.

Henry Miller

# Suprématie

J’enrage chaque jour davantage de voir le mépris qu’ont les Français pour les régions et leurs langues. La France n’a quasiment pas évolué depuis le XIXe siècle où la province était une colonie de Paris. A-t-on oublié que les enfants étaient frappés par leurs vénérables maîtres quand ils parlaient le patois sur les bans de l’école ? C’était encore le cas du temps de mes grands-parents.

Après plus d’un siècle de ce totalitarisme linguistique, le mépris est partout sur le territoire, il s’est même intériorisé. Quel professeur de lettres de la région nîmoise n’a pas honte de son accent du Sud ? Quel amateur de culture ne regarde pas Paris comme le Graal, et dénigre les richesses locales ? Le parisianisme, l’expression du nombrilisme à la française, est détestable.

# Moquerie

On se moque ; on croit faire de l’esprit mais on donne là une preuve supplémentaire de son manque d’ouverture. Il est plus facile de ridiculiser que de s’efforcer de comprendre. Au final, ça se pense humble et plein de charité, mais ça se repaît de sa supériorité inhérente. La voilà réconfortée dans sa médiocrité.