To write or not to write… (la parenthèse anglaise)
En avril, peut-être à cause de l’arrivée du printemps ou de notre désir d’acheter une maison là où nous vivons, j’ai décidé que je devais me consacrer plus sérieusement à l’anglais et, qui sait, d’écrire mes textes dans cette langue. Comme je ne fais pas les choses à moitié, j’ai remisé le temps de quelques mois mon français.
Je me suis entièrement consacré à cette langue que j’aime énormément et avec laquelle je vis au quotidien depuis huit ans. En effet, l’anglais est aussi bien la langue de ma vie professionnelle que celle de mon couple, elle est si présente en moi que j’ai l’impression parfois qu’elle me devient plus familière que ma langue maternelle.
D’avril à l’été, puisque j’étais devenu assez complaisant avec mon anglais (que je manie très facilement depuis quelques années), j’ai pris le soin de consolider mes connaissances linguistiques, d’écrire un journal au quotidien et quelques articles.
J’ai aussi essayé d’adapter un de mes textes (Io, Saturnalia !). À ce sujet, je me suis vite rendu compte qu’il m’était impossible de me traduire, mais que je pouvais écrire quelque chose de lisible si je m’éloignais de l’original français. Écrire de la fiction dans une seconde langue est une tâche herculéenne. S’il m’est facile d’écrire un avis de lecture, ou encore une entrée de journal pour noter mes pensées intimes, je me suis aperçu que je n’étais pas convenablement armé pour m’attaquer à l’écriture d’une petite nouvelle dans la langue de Shakespeare. Même si je considère qu’il est possible d’écrire de la fiction dans une langue étrangère (je vous invite à lire les romans et les nouvelles d’Aliette de Bodard, par exemple), l’apprentissage doit se faire sur plusieurs années.
Cette relation extraconjugale avec l’anglais a donc suscité beaucoup d’inquiétude et d’impatience (devoir attendre des années avant que mes textes puissent être publiables ? Achevez-moi tout de suite !). Elle m’a aussi permis de mesurer l’aisance avec laquelle je peux écrire en français (même si mon quotidien en Angleterre a fini par scléroser ma langue maternelle).
En juillet, j’ai donc décidé qu’il me fallait revenir au français, tout en continuant d’écrire des petits textes (non-fiction) en langue anglaise.