Extrait du ‘Youtubeur’ – Chapitre 1

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Chapitre 1

Une rencontre « exotique »

— Tu peux t’installer chez moi, si tu le souhaites. J’ai une chambre d’amis. 

Ces paroles eurent le mérite de calmer ma nervosité. Mon sourire se détendit quelque peu pour devenir plus naturel, moins forcé. 

Finalement, ce n’est pas une si mauvaise idée d’être venu dans ce sauna. À défaut d’une partie de jambes en l’air, j’ai peut-être trouvé une solution à mon problème.

Distraitement, je regardai autour de moi les hommes présents dans la petite pièce. La décoration était simple, mais ne manquait pas d’élégance. La lumière était tamisée et les fauteuils confortables. Certains clients — des habitués certainement — discutaient à voix basse, mais la majorité faisait semblant de regarder le film hollywoodien qui était diffusé sur le grand écran. Des œillades étaient échangées de temps en temps. Tout le monde jaugeait la marchandise. Et c’était l’effet que je me faisais : un morceau de viande, tout frais et appétissant, attendant d’être consommé sur place, ou plus loin dans l’intimité d’une cabine…

Depuis mon arrivée, une heure plus tôt, je n’avais presque pas quitté le bar du sauna. Dire que j’avais la trouille était un euphémisme. Je n’étais venu ici que parce que ma meilleure amie m’avait gentiment invité à déserter l’appartement pour qu’elle puisse passer la soirée avec son jules.

— Pourquoi n’irais-tu pas à l’Exotique ? avait-elle suggéré, avec un sourire espiègle. Je ne suis pas la seule qui a besoin de s’envoyer en l’air, si tu vois ce que je veux dire. Surtout après ce mois de merde ! Les épreuves du bac sont finies, Marc ; tu peux relâcher la pression. Ça te fera du bien d’oublier ta famille et cette histoire sordide, le temps d’une soirée…   

Elle avait grimacé, comme elle le faisait à chaque fois qu’elle parlait de ça. De mon côté, j’avais immédiatement bloqué les pensées noires qui revenaient m’engluer lorsqu’on faisait  référence à mes parents. Je m’étais concentré pour trouver un argument sensé, autre que celui qui aurait consisté à avouer que j’étais encore vierge ou que j’avais peur des saunas réservés aux hommes.

— Tu as oublié que je n’ai pas l’argent pour ce genre de choses, avais-je finalement maugréé, en espérant qu’Aude abandonnerait cette discussion.

— Ça tombe bien ! avait-elle répondu, triomphante. Maxime dit que c’est gratuit pour les moins de vingt-deux ans.

Comme j’allais répliquer, elle avait conclu :

— Tu peux passer la nuit à marcher dans Toulouse, si tu préfères, ou aller dans un bar et zoner sur Grindr… Je m’en fiche, mais j’ai besoin de mon appart’ maintenant… Au moins jusqu’à minuit. Ouste !

J’avais quitté les lieux sans protester. Il m’était impensable de gâcher à nouveau la soirée de ma meilleure amie. Elle avait été d’une patience à toute épreuve les semaines précédentes ; elle avait bien mérité d’avoir la paix pour quelques heures. 

Mes pas m’avaient mené tout droit à l’Exotique. Ce célèbre sauna gay qui se trouvait non loin de la Gare Matabiau. Je n’y avais jamais mis les pieds, mais notre ami de lycée, le fameux Maxime, n’avait eu de cesse, depuis qu’il avait fêté sa majorité, de chanter les louanges de ce lieu incontournable de la scène gay toulousaine. 

À plusieurs reprises, j’avais imaginé à quoi ressemblerait ma première visite dans un sauna gay. Depuis qu’on m’avait appris leur existence, mon esprit avait échafaudé de nombreux scénarios, s’était enflammé en fantasmes que je n’aurais avoués publiquement que sous la torture. 

Si j’avais compris que l’on pouvait s’attendre à tout dans un tel sauna, je n’avais à aucun moment envisagé que je me retrouverais en train de tenir, avec mon anglais scolaire, une discussion civilisée avec un expatrié d’Édimbourg, d’origine grecque, qui travaillait pour Airbus ou un de ses fournisseurs. 

Après avoir caressé du regard le corps des hommes qui m’entouraient, je posai à nouveau mon attention sur Nikos, qui était le seul dont j’avais osé regarder le visage jusqu’à présent. L’Écossais, bien que très gentil et souriant, n’était pas mon type : il devait facilement avoir plus de trente-six ans, soit le double de mon âge, et il cachait son ventre protubérant sous une seconde serviette jetée négligemment sur son épaule droite.

— Il est important de s’entraider dans ce milieu, reprit-il avec un sourire engageant.

Je hochai la tête. J’avais pris conscience dernièrement qu’un jeune homme dans ma situation ne pouvait survivre sans l’aide d’amis, ni même sans celle d’inconnus. Je commençais à accepter le fait que s’en remettre à autrui lors de circonstances difficiles n’avait rien de honteux ou de dégradant.

— Nous pourrons d’ailleurs trouver l’occasion de passer d’agréables moments tous les deux. J’ai besoin de compagnie.

Je connus quelques secondes d’hésitation. Je n’étais pas sûr d’avoir compris avec exactitude ce que venait de dire Nikos avec son épais accent écossais. J’eus confirmation que ma soudaine crainte était fondée lorsque le trentenaire adipeux posa une main sur mon genou. Paralysé, je regardai cette main velue dont deux doigts parvenaient à caresser négligemment ma peau malgré la serviette. Je regrettai aussitôt que le tissu ne soit pas plus long. Nikos ne sembla pas remarquer mon embarras, ou choisit de l’ignorer. Il poursuivit son discours :

— Tu apprendras beaucoup d’un homme de mon expérience. Je peux te servir de guide dans beaucoup de domaines. Un garçon comme toi mérite un… ami attentif.

Je n’écoutais déjà plus. Je ne voyais que cette main répugnante qui violait mon intimité et je ne savais que faire.

C’est là mon futur ? Jeune prostitué pour gros trentenaires.

Je jurai intérieurement. Le désir de disparaître comprima soudainement ma poitrine. 

Je ne suis pas fait pour les saunas. Je dois fuir. Vite!   

Une autre voix dans ma tête s’écria :

À situation désespérée, mesure désespérée. Voilà comment on tombe dans la prostitution. Si tu résistes maintenant, tu ne fais que repousser l’inévitable. Est-ce si mal, dans le fond ? Nikos n’a pas l’air méchant. Lui ne te rejette pas…

Mes joues se mirent à me brûler. Sur le moment, je ne pus dire ce qui me scandalisait le plus : mes propres pensées ou l’Écossais d’origine grecque qui tentait de profiter de mon désespoir. 

Je finis par relever mon regard vers le visage de mon interlocuteur, qui m’adressa un sourire qui se voulait charmant. Mon estomac se révulsa.

Non, non, non. Fais quelque chose. Dis quelque chose, bon sang !

— Je…, commençai-je d’une voix enrouée.

Mais je n’allai pas plus loin : les mots en anglais venaient de déserter mon cerveau. Je fermai les yeux pour calmer le battement affolé de mon cœur et réguler ma respiration. J’eus la sensation que je ne sortirais pas vivant de cette situation. J’étais bloqué par mes craintes, les attentes des gens autour de moi. Le dégoût de moi-même me submergea.

Je suis un monstre. Je mérite d’être dans cette position.

Mes pensées auraient continué à m’aiguillonner ainsi si une voix ne nous avait pas interrompus. Elle coupa pareillement la parole à Nikos.

— Te voilà donc ! Je t’ai cherché partout.

Surpris, j’ouvris les yeux. Un inconnu, qui venait de s’exprimer lui aussi en anglais, se trouvait devant nous.

C’est ton jour de chance, mon vieux! Un ami de Nikos vient le chercher.

Mais, quand je portai mon attention sur le visage qui avait parlé, je m’aperçus que deux yeux clairs, lumineux, me fixaient. L’inconnu arborait un sourire ravi. Je compris alors que c’était à moi qu’il s’adressait. On ne me laissa pas le temps de bredouiller une réponse, ni de passer en revue dans ma tête les Anglais de la région que je pouvais bien connaître (après réflexion : je n’en connaissais aucun). Le jeune homme roux saisit mon bras pour me relever. Je frissonnai, et mon trouble s’accentua, lorsque je me retrouvai serré brièvement dans ses bras et contre sa peau nue.

— Désolé. J’espère que ça ne vous dérange pas si je vous l’emprunte. Ça fait une éternité que je le cherche.

La bouche toujours entrouverte, Nikos fut pris de court par l’aplomb de ce bel éphèbe. Je n’eus pas le temps d’observer sa réaction plus longtemps que, déjà, l’inconnu m’entraînait hors du bar en direction des cabines privées.

Cette fois-ci encore, mon attention demeura bloquée sur cette main qui tenait la mienne et me tirait loin de Nikos. Toutefois, mon corps réagit différemment à ce contact. Je sentis ma serviette se resserrer au niveau de mon entrejambe et, en conséquence, mes joues devinrent plus cramoisies encore. Je n’avais aperçu le visage de l’inconnu que quelques secondes tout au plus, mais, semblait-il, cela me suffisait. Je crois bien qu’il était mignon.

Le temps que je reprenne mes esprits, j’étais assis sur une large banquette recouverte de cuir. L’Apollon solaire était en train d’utiliser un produit pour nettoyer le reste de la couche.

— Nous ne voulons pas attraper des maladies, dit-il, sans me regarder. Ni avoir les fluides corporels de ceux qui nous ont précédés dans cet auguste placard collés à notre peau.

Il fit une pause dans son ménage pour m’observer. J’avais, pour ma part, les yeux écarquillés, comme un parfait demeuré.

— Tu parles bien anglais, n’est-ce pas ?

Je hochai la tête. Mon vocabulaire était toujours aux abonnés absents.

— Eh bien, dans ce cas, que t’arrive-t-il ? L’autre vieux porc a avalé ta langue avant que je ne vienne te sauver ? Je m’appelle Damian.

— Marc, articulai-je.

Damian me gratifia d’un sourire.

— Il parle ! s’exclama-t-il, ravi.

Pas le moins rassuré par ce bref échange, je regardai autour de moi. J’observai longuement les murs qui m’entouraient et celui qui disait se nommer Damian. 

Ce dernier avait la vingtaine. Sa belle peau, qui était constellée de taches de rousseur et de grains de beauté, recouvrait un corps musclé. Son torse, large, était semblable à celui d’un nageur, et deux petits mamelons se dressaient fièrement au centre de ses pectoraux. Plus bas, en dessous du nombril, sur le ventre plat, une fine ligne de poils invitait le regard à découvrir ce qui se cachait sous la serviette. La forme que j’y devinai assécha ma bouche. Je me forçai à déglutir.

— Ne reste donc pas sur le bord, me conseilla Damian, toujours en anglais. Tu peux t’installer confortablement, tu sais.

Je compris que c’était à mon tour de parler.

— Tu es Anglais ?

— Bien vu, Sherlock, répondit-il, non sans ironie. Je suis britannique.

Dis autre chose, idiot!

— Euh… Et… on va… ? demandai-je en fixant ma propre serviette, qui menaçait de se détacher de ma taille.

Je me sentis trop embarrassé pour continuer.

Damian éclata de rire.

— Si l’on m’avait dit que les Français étaient, à ce point, timides, je ne l’aurais pas cru ! Pour répondre à ta question, je ne sais pas. Cela me semble être le lieu pour ce genre d’activité. Qu’en penses-tu ? 

Je me contentai de rougir davantage, si cela était possible.

— Quel âge as-tu ? demanda-t-il dans un effort pour alimenter la conversation.

— Dix-huit ans.

Il laissa échapper un sifflement, incrédule.

— Mais tu es encore un bébé, ma parole.

— Pourquoi ? fis-je, surpris. Tu as quel âge ?

— L’âge de Mathusalem pour les gays. 

— Vingt et un ? 

— Non ! s’insurgea Damian. J’ai vingt-quatre ans dans quelques mois.

— C’est vieux, constatai-je, avec un demi-sourire. 

Il soupira et leva les yeux au ciel.

— Pas encore vingt-quatre ans et déjà vieux… Il ne me reste plus qu’à aller me jeter dans… (il hésita le temps de retrouver le bon nom) la Garonne.

— Ne fais pas ça, répondis-je, sérieusement. Sois positif : tu es toujours plus jeune que l’Écossais.

Il laissa tomber sa tête contre le mur derrière lui et fit semblant d’être découragé et déprimé.

— Tu sais comment me remonter le moral, toi !

Je parvins à retenir un éclat de rire. Me sentant en relative sécurité avec lui, je commençai à me détendre. Je me rapprochai de lui. Je pouvais ressentir sa chaleur contre ma peau. Mon cœur s’emballa. 

Sans réfléchir, je baissai ma garde et partageai ce qui me passait par la tête :

— Ton corps est à tomber. Tu es très beau.

— Je te remercie, Marc, répondit-il avec cet air formel, qui avait semblé le caractériser jusqu’à présent.

— Ne te moque pas, je suis sérieux.

Je n’osai pas le regarder. Sa beauté et son assurance m’intimidaient. Il savait comment se comporter dans ce genre de situation ; je n’en avais absolument aucune idée.

Mes yeux remontèrent brièvement vers son visage. Je retins ma respiration. Jusqu’à présent, j’avais été bien en peine de répondre à ceux qui demandaient sur Grindr quel était « mon type de mec ». Je me sentais trop jeune et trop inexpérimenté pour donner une réponse claire. Réaliser que Damian était exactement ce que je cherchai physiquement chez un homme me troubla plus que de raison.

— Qu’est-ce que tu recherches ici ? voulus-je savoir.

Peut-être que si je posais des questions, il ne remarquerait pas à quel point j’étais intimidé.

— Une bonne partie de tennis, répondit-il, avec sérieux, avant d’éclater de rire en voyant l’incrédulité se peindre sur mon visage. D’après toi, Marc ? Que vient-on chercher dans un tel endroit ?

— Je ne sais pas, c’est ma première fois.

J’aurais dû tourner à plusieurs reprises ma langue dans ma bouche avant de parler…

Damian redevint aussitôt sérieux et m’observa, la tête penchée sur le côté.

— Quand tu dis première fois… ? Tu fais bien référence au sauna ?

Mon silence embarrassé ne lui fut pas difficile à décrypter. Frappé d’une soudaine hilarité, il se mit à applaudir. 

Une ombre se porta sur mon humeur en même temps qu’un courant d’air désagréable fit frissonner ma peau.

Après m’avoir proposé de me prostituer, voilà qu’on se moque du puceau que je suis. C’est bien ma soirée, aucun doute.

Mais Damian ne me laissa pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. Il me donna un coup d’épaule pour me faire sortir de mes pensées et m’embrassa sur la joue.

— Je ne me moque pas de toi. Je n’oserais pas. Simplement, je trouve cette situation très amusante. J’ai bien fait de venir visiter Toulouse ! Quelle charmante petite ville, quels charmants habitants !

En entendant qu’il n’habitait pas la région, je ne pus m’empêcher d’être déçu. Il devait lire en moi comme dans un livre ouvert, car il confirma mes craintes :

— J’ai cru comprendre qu’il y a beaucoup d’Anglais qui travaillent dans l’aéronautique à Toulouse. Mais je ne fais pas partie de ces gens-là : je suis un touriste. Je repars demain en Grande-Bretagne.

Je pensai aussitôt : Tant pis, embrasse-moi. Sois mon premier. Un coup d’un soir avec un mec sexy, c’est déjà mieux qu’une baise avec Nikos, non ?

Je dis à voix haute :

— Le temps presse, dans ce cas.

Un léger sourire flotta sur ses lèvres. Il ne répondit pas immédiatement ; il semblait hésiter. La luminosité de la cabine était faible et je ne parvenais pas à discerner ses traits avec précision, mais l’intensité de son regard sur ma personne me fit frissonner. 

Le silence finit par s’installer entre nous et le malaise me poussa à me lever. 

— Je comprends, ne t’inquiète pas. Tu n’avais pas prévu de t’envoyer en l’air avec un mec de dix-huit ans. Vierge, qui plus est.

Le mot faillit me rester en travers de la gorge. Mon inexpérience, mon innocence dans le domaine, commençaient à me peser. J’avais essayé de me convaincre qu’être vierge à mon âge n’était pas anormal, ou le signe d’une tare honteuse. En vain. Si j’avais été à la place de Damian, j’aurais certainement refusé de coucher avec moi-même. Quel plaisir aurais-je pu lui procurer ?

Je ne sais même pas faire une fellation. 

Damian se leva et m’intercepta avant que je n’ouvre la porte de la cabine pour sortir. 

— Attends, Marc. (J’obéis, la main sur la poignée.) Regarde autour de toi, une seconde. As-tu vraiment envie que ta première fois se passe ici ?

Je haussai les épaules, essayant de prendre l’air dégagé.

— Ici, ou ailleurs. Au moins avec toi, je n’aurais pas eu honte. Ce n’est pas comme avec l’autre idiot, qui m’a proposé de m’héberger contre du sexe.

Je m’interrompis quand je sentis des larmes me monter aux yeux. Cela faisait des semaines que je pleurais pour rien. J’étais à fleur de peau, voire carrément sur les nerfs. L’inquiétude se peignit sur les traits de Damian.

— Je ne voulais pas t’offenser.

— Ce n’est pas de ta faute. Ce n’est visiblement pas ma soirée. Ni mon mois, d’ailleurs, ajoutai-je en français.

Il s’étira durant quelques secondes.

— Tu sais quoi ? Je pense qu’il est temps de partir de ce sauna.

Penaud, j’acquiesçai, avant de murmurer :

— Désolé d’avoir gâché ta dernière nuit à Toulouse.

Damian me fit répéter, avant de pousser un soupir de frustration.

— Non. Tu m’as mal compris. La barrière de la langue… Je voulais dire : il est temps que toi et moi quittions l’Exotique. Il est dix-neuf heures. C’est peut-être un peu tôt pour toi, mais mon estomac commence à crier famine. On va manger un bout ?

Un rancard ?

Mon esprit hurla oui, oui, mais ma bouche ne sut que répondre. Damian ne m’en laissa pas le temps. Narquois, il ajouta :

— Évidemment, si tu souhaites rester ici, je suis persuadé que… Nikos, c’est ça ? Je suis persuadé que Nikos acceptera de t’initier aux amours masculines. À côté de lui, je ne fais pas le poids.

La nausée s’empara de moi à nouveau, à la simple mention de ce prénom, et Damian s’autorisa un sourire. Il se doutait bien que mon cœur ne balancerait pas une seule seconde.

Restait encore le problème de mes finances…

— Je connais un restau pas cher qui…, commençai-je.

— Ne t’occupe pas de ça, me coupa-t-il, d’un ton catégorique. C’est moi qui invite. De ton côté, tu seras chargé de me faire la discussion. Je veux garder un bon souvenir de ma dernière soirée dans la « ville rose », et je crois que tu peux m’y aider. En tout bien tout honneur, évidemment. Qu’en dis-tu ?

Je peinai à contenir la joie qui venait de balayer mes ternes pensées. Mon vocabulaire anglais s’était à nouveau fait la malle, aussi me contentai-je de sourire et de hocher la tête. 

Satisfait de cette réaction, Damian plaça sa main chaude dans le creux de mes reins pour m’inviter à quitter le premier la cabine. Pour une telle sensation, je crois que je l’aurais suivi au bout du monde, jusqu’à la fin de mes jours.

A suivre…